Pèlerinage sur les pas de Saint Martin

En ce matin du 24 juin nous partons, pèlerins poitevins à la rencontre de Martin en cette ville de Tours avec laquelle nous partageons pour le Saint une profonde tendresse.

Même si … quelques rusés tourangeaux ont réussi à faire sortir Martin de son monastère de Ligugé pour en faire leur évêque le 4 juillet 371 et de nouveau à nous le soustraire en s’emparant de sa dépouille à Candes.

Mais au-delà des querelles de clocher n’était-il pas le saint protecteur de la Gaule dont la notoriété ne connaissait pas de frontière ?

En entrant dans la cathédrale Saint Gatien de Tours nous sommes émerveillés par la richesse des vitraux du 13ème siècle qui nous comptent la vie de Saint Martin et par les nouvelles images de verre, grandes fresques contemporaines. Ce sont Gérard Collin-Thiébaut artiste plasticien et Pierre-Alain Parot maître verrier qui ont réalisé cette œuvre, inventant de nouveaux procédés en travaillant les images sur ordinateur. On distingue notamment les tentes de SDF installées un temps le long du canal saint Martin.

Notre groupe marche ensuite de la cathédrale vers la basilique Saint Martin où nous accueillent les sœurs Bénédictines de Sacré-Cœur de Montmartre. La messe est célébrée dans la crypte aux murs tapissés de nombreux ex-voto. C’est ici le lieu central de la basilique avec le tombeau réalisé en marbre et grès des Vosges, il permet de découvrir la pierre tombale antique et quelques reliques.

Les sœurs nous conduisent dans leur réfectoire où nous déjeunons d’en cas préparés par chacun. Nous visitons ensuite la monumentale basilique où nous sommes accueillis par Jésus Christ déployant la chlamyde dont Saint Martin l’a revêtu à Amiens. Tours qui cultive l’artisanat du gemmail nous offre en ce lieu le baiser au lépreux d’après une œuvre de René Margotton. Ce tableau exprime d’une part une bouleversante tendresse et d’autre part un profond abandon.

Dynamique jubilaire oblige … les pèlerins reprennent la route, qui à pied le long de la Loire, qui en bus pour visiter l’ancienne abbaye de Marmoutier où Martin installa un ermitage, dans ce lieu très sauvage, enclavé entre coteau et fleuve.

Marmoutier (majus monasterium – le grand monastère) est un haut lieu de pèlerinage. Le concile de Chalons sur Saône en 1813 donne à ce pèlerinage la même importance qu’à celui de Rome. C’est après la révolution que les destructions vont commencer et en 1804 il ne reste que la nef et la façade démontées à leur tour en 1809, rien ne fut sauvé, malgré l’insistance de nombreux élus de Tours.

Actuellement les campagnes de fouilles ont mis à jour les vestiges de trois églises successivement bâties au même emplacement au 10ème 11ème et 13ème siècle. La tour des cloches est la seule rescapée de l’abbatiale romane du 13ème siècle.

Nous visitons la grotte du repos de Saint Martin située en hauteur, détruite lors de l’éboulement du coteau et reconstruite au 19ème siècle.

Merci au Père Julien de nous avoir accompagnés tout au long de cette journée où nous sommes mis en marche … pour Martin.

Texte et photos de Jean-Claude et Marie-Hélène Barthout